Mais où est passée Virginie?

Après un début sur les chapeaux de roues sur M6, la Belge Virginie Efira marque un temps de recul pour mieux rebondir, la tête pleine de projets.

Avec ses cheveux dorés, sa robe jaune et son sourire rayonnant, Virginie Efira a été sans conteste le soleil du Festival de télévision de Monte-Carlo qui s’est déroulé en juillet dernier. Malgré le succès qui l’auréole, la jeune Belge de 28 ans a la tête bien vissée sur les épaules. C'est donc avec humour et simplicité qu'elle donne bien plus de détails sur ses toutes proches vacances en famille au Kenya que sur l'actualité de sa rentrée sur M6.

Après une présence massive, on vous voit moins à l'écran, est-ce voulu?

Non, je ne me suis pas dit qu'il fallait que je m'arrête pour me recentrer ou par peur d'être trop exposée. Mais il est vrai que lorsque j'ai démarré, j'en ai fait beaucoup. J'étais supercontente de débarquer en France et on me proposait un travail qui m'amuse, pourquoi aurais-je dû m'arrêter? En fait, je n'ai refusé que les émissions dans lesquelles je ne me serais pas reconnue où que je pensais ne pas pouvoir assumer. Maintenant, je suis simplement un peu plus sélective, privilégiant certaines directions plutôt que d'autres. De plus, le divertissement entre dans une phase de transition. Toutes les chaînes se sont rendu compte que l'arrivée de la téléréalité a changé les codes de la télé et les attentes du public. Les plateaux de variétés marchent donc un peu moins bien qu'avant. Cette année a donc été une période de réflexion autant pour moi que pour le divertissement en général.

Est-ce difficile aujourd'hui d'être novateur dans ce domaine?

La tendance est à se dire: on a déjà tout fait, tout vu. Mais je crois qu'il faut savoir prendre des risques, devancer parfois l'attente des gens. La télévision a un peu ce tort d'être en retard d'une guerre par rapport à la société. Il y a eu le courant classement, le courant images d'archives où tout le monde s'est engouffré parce que cela fonctionnait bien, mais c'est chercher la facilité et toutes ces émissions se ressemblent.

Attendez-vous simplement les propositions de projets ou participez-vous à leur conception?

Les vraies bonnes émissions sont celles qui vous ressemblent, alors, autant participer à leur élaboration dès le début. Il faut y mettre beaucoup d'identité et de vérité et cela ne peut se faire sans vous. Je suis donc toujours à la recherche de nouvelles idées, c'est d'ailleurs ainsi qu'on les trouve. En France, contrairement à la Belgique, il y a plus de producteurs indépendants et je travaille beaucoup avec eux. Je ne me suis donc pas ennuyée cette année.

Certaines de vos idées ont-elles déjà pris corps?

Pour l'heure, j'ai reçu du répondant et de l'écoute. Je pense qu'elles se concrétiseront un jour, car je ne pars jamais défaitiste. J'ai de l'imagination et des envies, mais je manque encore d'expérience, j'ai besoin d'être aidée et aiguillée.

Qu'avez-vous toujours refusé d'animer?

Tout ce qui touche au sociétal léger. Divertir, même légèrement, n'est jamais grave, mais il faut vraiment faire attention quand on parle des gens et de leur histoire. Je n'aime pas toutes les émissions en dessous de celles de Delarue. Je ne supporte pas non plus celles où l'on contemple l'inactivité en essayant d'y mettre des superlatifs.

Toute la téléréalité, est-elle à mettre dans le même paquet?

Non, tout ce qui ne suscite pas autre chose que du désintérêt ou de l'intérêt, ça me va. D'ailleurs, j'ai bien aimé Oui chef! et j'ai animé la Star Ac' en Belgique. Mais, dès que cela tombe dans les mauvais sentiments et la bassesse, cela m'intéresse moins. Je n'ai jamais eu envie d'être porteuse d'un truc comme ça, je ne m'y sentirais pas très à l'aise.

Vous prônez le divertissement intelligent, mais La saga des gadins, ça ne vole pas très haut…

Il y a toujours des choses que l'on préfère et d'autres moins. Cela dit, je n'ai jamais eu de problème éthique par rapport à ce que j'ai pu présenter. La saga des gadins, ce sont des images d'archives, qui jouent sur le comique de situation. Voilà. C'était un bon exercice de direct. Ces émissions ont une raison d'être, mais il ne faut pas être passéiste sur tout, essayons de créer; il y a moyen de tirer ces programmes vers le haut. Nouvelle star, par exemple, est une émission très populaire, mais digne.

On vous cantonne souvent au rôle de "reine du divertissement", cela vous énerve-t-il?

C'est toujours mieux que baronne, non? Plus sérieusement, cela ne m'agace pas car je ne complexe pas de ne pas faire des choses sérieuses. J'ai vraiment envie de divertir sans abrutir et je pense qu'il y a moyen d'y arriver. Il faut juste trouver les bons concepts.

Que préparez-vous pour la rentrée?

On prépare des prime times de divertissement, avec une vraie recherche de nouveauté. J'aime bien ces émissions avec micro, confettis et robe rose. Par ailleurs, pour contrebalancer leur côté "maîtresse de cérémonie" qui me dérange un peu, j'aimerais parfois faire des choses plus intimes, où une interview, une blague dureraient plus longtemps. Un talk-show, ou un jeu hebdomadaire, me plairait donc bien aussi et on y planche. Reste à voir ce que M6 retiendra.

Prendre un vrai risque, pour vous, ce serait quoi?

Ma future expérience au théâtre en décembre en Belgique! J'ai fait le Conservatoire il y a sept ans et je me suis rendu compte que parvenir à quelque chose d'intéressant sur scène était, pour moi, un processus assez compliqué et pas très sain. Alors que débuter à la télé m'a été agréable, léger et facile à vivre. J’ai eu tout d’un coup la possibilité d’être moi-même. J’ai donc mis de côté ce désir d’enfant qu’était la comédie. J’ai coupé le cordon ombilical avec lui pour être en accord avec le domaine dans lequel je me sentais bien, la télévision. Je ne voulais pas être la comédienne frustrée qui fait de la télé, je n’ai donc jamais nourri d’ambition pour la comédie. C'est dire si je vais avoir sacrément plus la trouille sur la scène de cette petite salle de 200 places que lors d'un prime time devant un public de 4000 personnes.

Pourquoi avoir choisi la pièce Pour ses beaux yeux de René de Obaldia?

Avec mon mari, on a flashé sur cette histoire amusante. Et puis je ne pouvais pas me prendre au sérieux et débarquer en disant: "Moi, je veux jouer Phèdre. Je suis animatrice télé, mais c’est Racine, sinon rien!" Je crois qu’il faut savoir jouer avec son image et là, j’ai un rôle de sotte merveilleuse. En plus, elle est fascinée par la télévision et décide d’inscrire son mec à une sorte de Questions pour un champion local. Il va changer et ça va les rendre dingues. Cette mise en abîme sur la télévision est vraiment désopilante. La dérision, ça sauve de tout, surtout en télé!

Propos recueillis par isabelle.rovero@tv8.ch

Occupée

La télé en France, ce n’est pas tout dans la vie de la jeune femme. "Heureusement que mon moral et mon équilibre ne passent pas que par le nombre de prime que je présente. Je vais jouer au théâtre, j'ai doublé un personnage pour Garfield et Robots et je fais aussi de la télé en Belgique."

Positive

En Belgique, l'animatrice ne faisait pas la fine bouche car peu d'émissions y sont produites. "J'ai su garder la même humilité en arrivant en France, car je sais toujours trouver quelque chose qui me plaît dans une émission pour ne pas m'y ennuyer."

Tandem

Pour la deuxième fois (après une sitcom), Virginie Efira va retrouver au théâtre son mari, le comédien Patrick Ridremont. "J'ai confiance en lui; si je ne suis pas bonne, il me le dira. Avoir un projet en commun, c’est excellent pour la complicité."